A la découverte d’une pratique en pleine expansion
Une forme de voyage se développe beaucoup depuis les années 80 : le tourisme de mémoire. En quoi consiste-t-il ? Est-il adapté à tous les publics ? Quels sont les lieux à visiter ? Peut-être avez-vous déjà pratiqué sans même le savoir…
Qu’est-ce que le tourisme de mémoire ?
Cela concerne les personnes qui se rendent sur un lieu chargé d’histoire, qu’il s’agisse d’une période proche (les camps de concentration de la seconde guerre mondiale comme Auschwitz Birkenau en Allemagne) ou éloignée (la Tour de Londres construit au Moyen-âge), d’un évènement planétaire tel que le 11 septembre à New York (Ground Zero) ou n’étant le fait que d’un seul homme (la prison de Nelson Mandela en Afrique du Sud). Une autre pratique répandue consiste à visiter des cimetières comme celui du Père Lachaise à Paris.
En France, ces différentes pratiques accueillent chaque année 20 millions de touristes principalement concentrés sur les lieux en rapport avec les deux guerres mondiales. Cela peut être un but en soi ou seulement une étape d’un voyage : tout dépend de la motivation de la personne.
Pourquoi visiter de tels lieux ?
Tout d’abord, pour des raisons purement commémoratives. En effet, le souvenir de personnes disparues attire les touristes. Cependant, un public plus jeune réalise de tels voyages dans le but de mieux comprendre l’histoire et de s’éduquer afin de ne plus commettre les mêmes erreurs. Les musées, comme celui de l’Apartheid en Afrique du Sud, répondent à cette volonté. Moins radicales, les visites de cimetière permettent une réappropriation du patrimoine.
Pour quels publics ?
Certains lieux sont déconseillés aux personnes sensibles : ceux où des crimes ont été perpétrés en masse et dont l’histoire est encore récente : le camp d’Auschwitz ou encore Ground Zero. Cela nécessite une préparation pédagogique, particulièrement pour les plus jeunes. Cependant, il faut reconnaître que des efforts sont menés pour rendre ces lieux accessibles à tous. Ainsi, l’Apartheid est expliqué dans un musée. Sans rien enlever de l’horreur, cela permet une première mise à distance car les murs sont moins chargés d’histoire.
On vous a sélectionné quelques sites que vous pourrez voir lors de vos différents séjours.
Visiter des cimetières : pas si bizarre que ça !
Visiter un cimetière, en voilà une idée bizarre ! Pourtant, ils attirent chaque année de nombreux touristes enthousiasmés par le cadre proposé et la notoriété des personnes disparues ou simplement désireux d’exercer un devoir de mémoire.
Le cimetière du père Lachaise
Le cimetière du Père Lachaise à Paris attire tous les ans nombre de touristes. Chacun apprécie le calme de ce lieu, né de la dense végétation. Vous pouvez déambuler parmi les tombes les plus célèbres : Jim Morrison, Yves Montand, Molière, Chopin… Les visites peuvent être thématisées : tour des tombes d’écrivains et de leurs épitaphes, des militaires, des musiciens… Enfin, elles peuvent même être drôles. Ainsi, de leur vivant, certaines célébrités enterrées au cimetière du Père Lachaise faisaient preuve d’un véritable humour noir et en ont laissé des traces post-mortem sur leur tombeau.
Autres cimetières qui se visitent
De plus en plus de villes ouvrent les portes des cimetières à leurs touristes. Il s’agit de faire découvrir les grandes figures locales : Georges Braque à Beaurevoir (Normandie), Edouard Herriot et Tony Garnier à Lyon, Paul Valery au cimetière marin de Sète. Tous ont plus ou moins de succès, selon qu’ils soient mis en avant ou non par les offices de tourisme. Pourtant, les pierres tombales révèlent un art funéraire et des points de vue paysagers somptueux.
Enfin, des cimetières ont un attrait tout particulier : ceux dans lesquels reposent les militaires. Le cimetière militaire le plus connu au monde est celui d’Arlington, aux Etats-Unis, en face de Washington et de la Maison Blanche. Y reposent les soldats tombés lors des grandes guerres européennes, du Vietnam, mais également pendant la guerre d’indépendance.
Se souvenir de la Grande Guerre
La première guerre mondiale également appelée la Grande Guerre s’est déroulée de 1914 à 1918 et a laissé de nombreuses traces sur le territoire français. Des monuments commémoratifs aux reconstitutions de tranchées, vous pouvez ainsi visiter de nombreux lieux de mémoire pour en apprendre plus sur cette période sombre de l’histoire.
Pour vous souvenir de la Grande Guerre, nous vous recommandons de prendre la direction du département de la Meuse. Vous pourrez alors visiter la ville de Verdun, connue pour la fameuse bataille de 1916. Dans cette ville d’histoire, nous vous suggérons de prévoir une visite de la Citadelle et du Mémorial de Verdun. Nous vous conseillons également de découvrir l’Ossuaire de Douaumont, un mémorial emblématique du Champ de bataille de Verdun où reposent environ 130 000 corps de soldats français et allemands non identifiés. Autre visite dans la Meuse pour en apprendre plus sur la Première Guerre Mondiale, le Saillant de Saint-Mihiel où ont eu lieu de violents affrontements dans les tranchées. Vous pourrez alors découvrir les vestiges de tranchées françaises et allemandes sur ce site historique de la Grande Guerre.
Quand la guerre et la lutte contre le racisme s’expose
La Seconde Guerre Mondiale a profondément marqué les esprits, du fait de son caractère récent. Beaucoup de soldats et de résistants sont encore vivants et témoignent des atrocités commises pendant la guerre. Le racisme a aussi fait trop de victimes, notamment le régime de l’Apartheid qui dispose aujourd’hui de son propre musée.
La Seconde guerre Mondiale
Outre les cimetières militaires, on trouve différents moyens pour se souvenir et en apprendre davantage sur la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, le Mémorial de Caen propose une approche intéressante sur cette époque, ses signes avant-coureurs ainsi que ses conséquences. Tout se fait grâce à l’interactivité et aux supports multimédia. Toujours en France, le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation à Lyon traite de l’Occupation.
D’autres lieux de visite sont consacrés à la Seconde Guerre mondiale, et notamment à l’Holocauste. A Paris, le Mémorial de la Shoah présente l’histoire des Juifs de France de manière chronologique et thématique. Ce mémorial comporte également une grande étoile de David qui représente symboliquement la tombe de l’ensemble des déportés juifs.
A Amsterdam, visitez la Maison d’Anne Frank, cette Allemande de confession juive déportée et morte à l’âge de 16 ans qui a raconté l’horreur avec des yeux d’adolescente. Son journal, écrit alors qu’elle était cachée, a donné lieu à de multiples traductions, ainsi qu’à des adaptations théâtrales et cinématographiques.
Enfin, il est impossible d’évoquer les actes nazis sans penser à Auschwitz-Birkenau. Sachez que ce lieu sinistre se visite : il est même classé par l’Unesco. La visite suit les traces d’un prisonnier dans le camp, à partir du portail surmonté du tristement célèbre « Arbeit macht Frei » jusqu’aux fours crématoires. Ici, pas d’interactivité, rien que la noirceur des murs. Une visite édifiante, qui montre l’indicible, bien au-delà de la plupart des livres scolaires.
Lutter contre le racisme avec un musée, c’est possible !
Le racisme s’est manifesté ailleurs dans le monde. En Afrique du Sud, près de Johannesburg, un musée raconte le régime de l’Apartheid. Le visiteur est dirigé vers une entrée différente selon qu’il soit noir ou blanc. Tout est fait pour que le visiteur ne puisse rester indifférent, ce qui rend la visite totalement bouleversante.
Visiter des prisons
Faisant également partie du tourisme de mémoire, les prisons s’ouvrent petit à petit au public. Il peut s’agir aussi bien de visiter des lieux de sûreté, chargés d’histoire, que des prisons devenus musées ou bien… hôtel !
L’une des prisons les plus connues est Alcatraz, dans la baie de San Francisco. Sa visite dure deux heures et permet de visiter The Rock, le piton rocheux sur lequel est bâti le centre pénitencier le plus sûr des Etats-Unis entre 1934 et 1963.
D’autres prisons comme celle de Melbourne se visitent. Au Canada, il est même possible d’y dormir une nuit. Chaque détenu se voit remettre une fiche d’incarcération, un paquetage et un quartier où passer sa nuit. Une forme de tourisme assez extrême, et qui fait montre d’une dérive de ce type de tourisme.
A Londres, l’un des monuments les plus visités est sans conteste la Tour, qui expose les instruments de torture et les moyens d’exécution au Moyen-âge. En France, un fort a été rendu célèbre par Alexandre Dumas : le Château d’If à Marseille.
Une autre façon de visiter notre histoire
Le tourisme de mémoire permet donc de découvrir les heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité… N’hésitez pas à aller les visiter lors de vos vacances, mais également pendant les Journées du Patrimoine. Et vous, avez-vous déjà pratiqué le tourisme de mémoire ?
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